Abstract
Par rapport aux documents historiques, les textes littéraires posent des problèmes quelque peu différents: conservés dans des manuscrits parfois nombreux, ils appellent, de la part de l'éditeur moderne, un travail qui, sauf exception, ne peut se confondre avec la reproduction pure et simple d'un manuscrit existant. Dans la plupart des cas, il s'agira de reconstituer, à partir des manuscrits existants, l'œuvre telle que l'a voulue l'auteur, de choisir donc, entre plusieurs textes possibles, le bon. Même l'éditeur qui rechigne à intervenir sur son manuscrit de base devra au moins fournir un raisonnement justifiant le choix de son manuscrit.
Curieusement, cette donnée de départ toute matérielle s'avère au XXIe siècle la planche de salut des maisons d'édition qui proposent des textes littéraires médiévaux en version originale: dans un contexte où le canon littéraire s'est figé depuis longtemps et où quelques grands titres se taillent la part du lion à la fois dans les catalogues et dans les programmes d'enseignement, la possibilité de pouvoir proposer une version inédite d'un texte connu, peut tenir lieu de justification scientifique. Un regard en arrière permet de mieux comprendre la situation présente, où différentes maisons d'éditions déclinent une offre de plus en plus similaire pour un public de plus en plus hypothétique.