Abstract
Les chaires d’Assyriologie et des Milieux bibliques du Collège de France ont organisé conjointement un colloque en avril 2010, afin d’examiner les informations archéologiques et documentaires sur la conduite des vivants envers leurs morts dans les sociétés du Proche-Orient Ancien. Comment ces dernières ont-elles compris la réalité de l’«après-vie» et comment ont-elles entendu avoir des rapports avec ceux qui les avaient précédées?
La relation entre les vivants et leurs morts posait, entre autres, pour la documentation cunéiforme la question de la commémoration de leurs défunts par ceux qui constituaient le groupe des vivants, et cela notamment via le rite du kispum dont la pratique et la signification exactes sont encore à élucider.
La distance entre les deux documentations les plus représentées à ce colloque, l’akkadienne et la biblique, est bien montrée par la répugnance qu’affiche la tradition hébraïque normative vis-à-vis de la dépouille mortelle. Pour la pensée hébraïque, telle que la reflète une partie de la Bible, la mort et les morts sont associés au concept de l’impureté, alors que d’autres textes attestent bien la réalité de tentatives d’entrer en contact avec le monde des morts. Les textes bibliques offrent d’ailleurs un discours biaisé concernant les traditions au sujet de la mort et de l’ensevelissement de leurs rois. Certaines traditions, autant cunéiformes que bibliques, attestent l’idée que les restes humains, en particulier les ossements, pouvaient garder après la mort des rémanences de l’être vivant. Le sujet fascinant de la nécromancie, la possibilité de s’adresser aux morts pour les faire parler, est représenté ici par les documentations biblique et ougaritique qui attestent également la pratique de l’ensevelissement des morts dans la maison d’habitation.