Abstract
A la suite d’importantes découvertes à Qumrân (et dans le désert de Juda) de nombreux manuscrits bibliques et de leur publication progressive, plusieurs chercheurs ont voulu saisir l’occasion qui s’offrait ainsi pour reprendre à nouveaux frais l’étude de la LXX et réaffirmer son importance pour l’exégèse et sa place dans la compréhension de l’histoire la plus ancienne du texte biblique.
La présente étude des confessions de Jérémie (on en dénombre habituellement 5 : Jr 11,18-12,6 ; 15,10-21 ; 17,12-18 ; 18,18-23 et 20,7-18) s’inscrit dans le cadre de cet effort scientifique qui tente de déterminer les rapports entre la LXX et le TM du livre de Jérémie. Le regard rétrospectif sur l’histoire de la recherche et la discussion sur la datation de la forme longue du livre de Jérémie qui en découle (chap. 1) vise à éclairer les différentes tendances majeures dans les travaux qui se consacrent à l’étude du livre de Jérémie. La partie centrale du livre (chap. 2) est consacrée à une étude comparative et critique détaillée de la forme textuelle hébraïque en TM et la forme textuelle de la LXX, dans le but de vérifier si le texte des confessions de Jérémie est proche ou éloigné dans les deux formes textuelles (TM et LXX). Nous cherchons ensuite à mettre en lumière (chap. 3), par une analyse approfondie de certains choix textuels opérés par chacune des deux formes textuelles, la manière propre dont chacune présente ou caractérise le personnage de Jérémie. Dans le dernier chapitre (chap. 4), nous nous demandons si l’étude des confessions peut éclairer le rapport chronologique (d’antériorité ou de postériorité) entre les deux formes textuelles et aider à établir un rapport de priorité de l’une par rapport à l’autre de ces deux formes textuelles et, éventuellement, de suggérer leur datation.
Il ressort de cette étude synoptique minutieuse et critique faite sur les confessions que, de manière générale, les deux formes textuelles y représentent un texte commun. Le livre de Jérémie semble avoir gardé dans le TM comme dans la LXX des traces, des passages importants d’un livre conçu initialement pour être un seul et même livre. Néanmoins, les quelques différences (de type textuel et rédactionnel ou de type littéraire) relevées entre les deux formes textuelles (TM et LXX) dans les confessions ont permis de mettre en lumière le mouvement qui a surtout vu le texte évoluer du modèle hébreu de la LXX vers le texte hébreu massorétique. Quant à savoir quand et par qui ces retouches rédactionnelles ont été opérées, les indices relevés dans les textes parlent en faveur de la période ayant immédiatement suivi la fin de l’exil babylonien (à savoir la fin du 6e et le début du 5e siècle avant J.-C.) comme étant le moment le plus propice pour une activité littéraire d’une telle envergure.