Abstract
L’article montre que Woyzeck, la dernière pièce de Georg Büchner, restée inachevée à la mort de son auteur, accorde une place prépondérante au sens de la vue. Pièce maîtresse d’un complexe réseau de savoir et de pouvoir, celui-ci est configuré – à l’insu des personnages, qui se trahissent simplement par leurs gestes et leurs paroles – sur le mode d’un œil-animal aussi sexualisé que mortifère. En étendant jusqu’aux spectateurs le système panoptique dans lequel sont pris les personnages, la pièce ne rouvre pas tant le dossier du procès « historique » qu’elle n’interroge en permanence le statut dévolu au spectateur qui la regarde et qu’elle ne pose, en tant que texte resté à l’état de fragment, la question de sa propre lecture.