Abstract
Le lynx est systématiquement mentionné dans les encyclopédies et bestiaires médiévaux. Ses caractéristiques principales sont l’acuité de sa vision, son pelage tacheté et, surtout, son urine, qui se transforme en une pierre précieuse appelée ligurius. En raison de son nom, le lynx est généralement associé à l’espèce du loup (lykos): Pline utilise le terme lupus cervarius, et la dénomination est restée dans plusieurs langues romanes: le français loup cervier, l’italien lupo cervino et l’espagnol lobo cerval, font tous du lynx un “un loup à cerfs”. Toutefois, il existe aussi une deuxième désignation au Moyen Âge, qui est once en français et lonza en italien, vraisemblablement une dérivation populaire de lynx, nom qui, lui, renvoie clairement à un animal de type félin. La présente étude propose un tour d’horizon du lynx tel qu’il apparaît dans la littérature vernaculaire, en particulier française et italienne, pour examiner sa double apparence: canine ou féline. Le corpus pris en considération comporte proverbes, fables, littérature animalière et l’Inferno de Dante. On voit ainsi comment les traits distinctifs mentionnés dans la tradition savante sont distribués entre le lynx, le loup cervier et l’once, et l’on constate aussi que les auteurs, selon les genres, n’étaient pas toujours conscients du fait qu’il s’agissait du même animal désigné par trois termes différents. Dans la tradition renardienne apparaît en effet une once, chargée d’une symbolique bien distincte de celle du lynx