Abstract
Personne ou presque n’a jamais entendu parler du De Ovide arte amandi. C’est pourtant ce recueil, imprimé au XVIe siècle, qui a garanti la diffusion tout au long de la Renaissance de l’Ars amatoria en français. S’il atteste de la lecture du texte ovidien à cette époque, il témoigne aussi de sa relecture au fil d’une tradition qui remonte en réalité deux ou trois siècles auparavant: héritière des différentes versions déclinées au Moyen Âge sous forme de traductions libres, l’imprimerie a ainsi sélectionné et adapté au contexte éditorial les arts d’aimer en français, dont celui attribué à Jacques d’Amiens et l’anonyme Clef d’amors. Situé entre Moyen Âge et Renaissance, le livre ici examiné a subi le sort d’autres ouvrages publiés en cette période de transition, objets perdus dans un no man’s land disciplinaire. Il était donc souhaitable de mener une enquête sur cet ouvrage négligé et par certains aspects mystérieux. Si elle n’a pas résolu toutes ses énigmes, l’étude ici menée et le catalogue dont elle est assortie contribuent à mettre en lumière une tradition complexe – jalonnée d’éditions avec fausses adresses, d’éditions sans indications typographiques, ou encore d’éditions «quasi-identiques» – et la fortune exceptionnelle d’un recueil méconnu qui représente, en l’état actuel de nos connaissances, le premier ouvrage parisien publié sous une fausse adresse.