Abstract
Malgré des indices d’occupation industrielle, d’alphabétisation ou d’urbanisation proches de ceux des pays de l’OCDE, la notion de développement reste structurante dans les débats politiques brésiliens. C’est sans doute pour cela qu’il est difficile au Brésil de penser sans autocensure l’écologie politique, régulièrement accusée d’être une idéologie importée et déconnectée des préoccupations nationales. Il demeure délicat de souligner l’intérêt de préserver l’équilibre environnemental sur un territoire où près de vingt millions d’individus vivent encore avec moins d’un dollar par jour. Cet article s’intéresse aux tentatives d’idéologues, d’acteurs politiques et d’universitaires brésiliens de définir une tradition d’écologie politique propre au Brésil, en puisant dans cinq siècles d’histoire coloniale et indépendante les bases de la construction d’un chemin national en la matière, connecté aux préoccupations de la population et aux enjeux de la biodiversité locales. Il propose une réflexion géographiquement décentrée sur la pensée écologiste contem-poraine, rappelant à quel point sa confrontation avec la notion de développement reste d’actualité. Enfin, il comprend une dimension épistémologique en réfléchissant tout particulièrement sur l’engagement décisif d’historiens dans la mise en valeur de l’écologie politique au Brésil, pays où la porosité entre les mondes universitaire et militant est notoire.