Abstract
L’une des questions centrales du discours sur les religions, au XVIIème siècle, porte sur les origines et le développement de l’« idolâtrie ». Ce discours prenait appui sur les objets exotiques que les voyageurs et missionnaires européens ramenaient. Pour les savants de l’époque, ces objets représentaient de véritables preuves, à l’appui d’une analyse comparative de l’idolâtrie. L’article porte sur les modes d’interprétation et de classification d’une marionnette du théâtre d’ombres indonésien de la célèbre Gottorf Kunstkammer qui reflètent les méthodes, théories et apories du discours sur l’idolâtrie au XVIIème siècle, mais en marquent aussi les évolutions. Au même titre que d’autres objets ethnographiques collectionnés à l’époque, la manière dont cette marionnette indonésienne fut perçue et présentée influença durablement son interprétation ; inversement, la présence de tels objets dans les collections européennes eut un impact sur la perception de l’« idolâtrie ».