Abstract
C’est en partant de la considération qu’une bonne partie de la production littéraire médiévale nous est parvenue dans des textes sans nom d’auteur que s’est imposé le cliché du Moyen Âge aux écrivains humbles, qui hésitent à signer leurs œuvres, cliché auquel on oppose traditionnellement l’autre cliché, celui de la Renaissance aux artistes désormais conscients et fiers de leur individualité, qui apposent à leurs créations originelles une signature. Dans cet article, nous nous proposons de revenir sur la question du nom de l’auteur médiéval, pour rappeler que tout, ou presque, est affaire de critique : qu’il s’agisse de sortir un texte de l’anonymat pour le placer sous l’autorité d’un écrivain célèbre ou de déclarer qu’un patronyme est en réalité un pseudonyme, ou encore de faire émerger un nom à partir d’une nuée de lettres en les organisant en anagramme, c’est le médiéviste qui tranche. En nous arrêtant sur les cas de Marie de France et, surtout, de Jean Renart, nous nous proposons de parcourir une partie de l’histoire de la critique, pour voir comment l’histoire de la discipline pèse toujours sur l’approche de nos études médiévales.